Peut-on dissocier la vie de la mort ? À quoi bon se poser la question ? Je la pose car je pense humblement que l'on ne peut vivre sans avoir compris la mort jusqu'à l'embrasser. Peut-être êtes vous en train de penser que je parle de ce que je ne sais pas, mais vous vous trompez. On connait la mort lorsqu'on s'est réveillé dans une morgue au petit matin d'un mois de mai 2013.
On croit être vivant tant que l'on est thanatophobe. J'ai longtemps cru être vivant, alors même que la peur de la mort me poussait continuellement à m'oublier. Vivre vite et me protéger de tout, trembler des deux mains, et surtout de mon prochain...
Finalement, que je meure d’un virus ou de la main d’un homme ne serait pas bien différent que de mourir de tout ce que je mange, rempli de pesticides et de conservateurs en tous genres.
Que je meure d’un accident de motocyclette ou noyé dans ma baignoire ne serait pas bien différent du fait de mourir de tout ce que je bois, comme sucres industriels ou perturbateurs endocriniens en tous genres.
Que je meure d’une piqûre d’insecte ou des effets secondaires de celle faite au nom de la science par la main de l’homme ne serait pas bien différent que de mourir de tout ce que je fume du matin au soir, et parfois du soir au matin durant mes longues nuits d’insomnie.
De cette époque où je regardais trop la télévision, il ne me reste que les visions d’horreur des séries télé morbides et des journeaux du soir. À trop trembler de peur à l’idée de ne pas conserver le pouvoir de choisir le jour et l’heure de ma mort, j’en avais fini par avoir peur de vivre. J’étais devenu un Thanatonaute, un mort persuadé de ne vivre que pour survivre.
Je pourrais dire qu’avoir peur de la mort est une bétise, mais affirmer qu’elle n’existe pas le serait tout autant. Pourtant, ces peurs irraisonnées étaient toutes étrangères à moi-même. Elles venaient de la peur que d’autres puissances rejetaient sur moi, collante et gluante. J’ai bien trop laissé à ces puissants le pouvoir de contrôler ma vie, mes émorions et ma liberté ! Je marchais entre les tombes comme un mort vivant, et puis un jour j'ai vu ces deux jumelles et leur maman marcher entre deux tombeaux vides.
J'ai vu les petits cailloux blanc qui montrent la direction de la vie, la vie qui marche et jamais ne s'arrête.
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